Blogue Dany Dubé | Ramener la notion du plaisir sur la glace au cœur des priorités de Jocelyn Thibault

Depuis le 22 octobre dernier, Hockey Québec tente de donner un nouveau souffle au hockey mineur avec l’ancien gardien de but de la Ligue nationale et propriétaire du Phoenix de Sherbrooke, Jocelyn Thibault, à la direction générale. Un défi d’envergure qui est présentement perturbé par l’arrêt complet des activités à cause du variant Omicron. J’ai récemment discuté avec lui du début de son mandat et de ses principaux objectifs.
Dany Dubé | 98,5 FM
Collaboration spéciale
DANY DUBÉ Jocelyn, merci beaucoup d’avoir accepté mon invitation. Dans un premier temps, comment se déroule ton mandat jusqu’ici ?
JOCELYN THIBAULT Je te dirais que ça se déroule bien de façon générale, mais une semaine ou deux avant Noël, la COVID-19 s’est à nouveau invitée au party avec le variant Omicron. Ç’a donné une autre tournure à notre saison de hockey qui se passait relativement bien. Les jeunes avaient en quelque sorte retrouvé leur sport, et les tournois étaient sur le point de s’amorcer. On ne s’attendait pas à devoir mettre un frein à tout ça. La pause actuelle s’est récemment prolongée, et je pense que ça commence à jouer sur le moral de bien des gens. C’est difficile de ne pas savoir à quel moment les activités pourront reprendre. Mis à part ça, tout se passe bien et il y a beaucoup de dossiers dont je dois prendre connaissance [rires].
DD Le 1er janvier, tu as écrit une lettre adressée aux joueurs et joueuses et à leurs parents qui a fait beaucoup de bruit dans les médias. Quel message voulais-tu leur transmettre ?
JT Comme parent et adulte, on sait que nos jeunes sont assez résilients et qu’ils ont une capacité d’adaptation plus grande qu’on pourrait le croire, mais depuis deux ans, ils se font brasser un peu. À l’école, ils ont eu peu de cours en présentiel et ils ont moins vu leurs amis que par le passé. Le sport aide beaucoup à leur développement social. Présentement, ils sont privés de plusieurs outils de développement à gauche et à droite. Comme papa, je suis un peu inquiet. Je comprends les raisons pour lesquelles ils sont arrêtés, mais ça m’inquiète et je ressens de l’impuissance. Je voulais qu’ils sachent qu’on pense à eux et qu’on ne veut pas qu’ils lâchent. C’est un peu un mélange de tout ça que j’ai dans le ventre présentement.
DD Tu as récemment eu une première rencontre avec les 14 présidents et présidentes de régions de Hockey Québec. Comment s’est déroulée cette rencontre ?
JT C’était important pour moi de faire connaissance avec nos 14 présidents et présidentes de régions pour établir un premier contact, mais aussi pour voir la dynamique qui peut régner entre chacune d’entre elles. J’ai été très content et encouragé par ce que j’ai vu. À la base, ce sont des personnes très engagées dans le développement du sport. J’ai senti que j’avais droit à des gens résilients qui étaient en mode « solutions. » Des personnes qui comprennent que la vie et le hockey mineur ont changé et qui veulent maintenant trouver des solutions. Depuis mon entrée en poste, j’ai parlé de développer notre sport un peu différemment avec une autre paire de lunettes. De façon générale, ce sont des gens qui en sont rendus là aussi.
DD Y-a-t-il un ou des enjeux de ces discussions qui sont ressortis et que tu peux partager avec nous ?
JT L’un des premiers éléments qui me vient en tête, c’est d’obtenir plus de support de la part de la fédération et vice-versa. D’avoir une meilleure communication et présence au niveau de nos régions et de nos associations. Il faut comprendre que Hockey Québec regroupe 14 régions, mais au-delà de 200 associations au total. C’est un élément qui est très rassembleur pour le moment. De plus, il y a toute la notion de développement des joueurs. Je pense que tout le monde a entamé sa propre réflexion à savoir quelle serait la meilleure façon de les développer, sur le hockey scolaire versus le hockey civil, et j’en passe. Ce sont tous des enjeux qui sont d’actualités et qui alimentent les discussions.
DD Quel est le plus grand défi de Jocelyn Thibault à court terme ?
JT C’est de changer le ton au niveau du hockey mineur. De façon générale, au hockey mineur, les gens ont une perception qui est davantage axée sur la victoire et sur les statistiques, comme dans le hockey professionnel. Ils ont moins tendance à voir le hockey mineur comme un sport de développement dans lequel on va acquérir des valeurs de vie et favoriser le plaisir en priorité. Les parents ont beaucoup de difficulté à placer ces morceaux aux bons endroits. Il faut trouver une façon de changer le ton et de faire des arénas des endroits beaucoup plus positifs et agréables. C’est mon enjeu numéro un.
DD Comment allez-vous faire pour convaincre votre clientèle première, les parents des jeunes joueurs et joueuses, d’adhérer à votre nouvelle vision ?
JT Ça va passer par l’éducation. Même moi, quand j’ai terminé ma carrière professionnelle et que je me suis lancé dans le développement du hockey en Estrie et dans le coaching, j’ai appris des choses que j’ignorais auparavant. Jouer au hockey et développer des joueurs et joueuses, ce sont deux mondes complètement différents. À ce niveau, j’excuse beaucoup de parents car lorsque tu ne le sais pas, tu ne le sais pas. Je suis convaincu qu’il y a une grande partie d’entre eux qui peuvent être convertis si on leur explique ce que l’on fait et pourquoi on doit le faire de cette façon. Il y a sûrement un paquet de parents qui vont penser que dans le niveau atome B, il faut diriger comme Dominique Ducharme le fait lorsqu’ils le voient à la télévision le samedi soir. Il faut leur expliquer les concepts de développement, les étapes à suivre dans le développement d’un joueur, etc. Ils vont être intéressés à nous écouter. Si on éduque et qu’on communique, je suis convaincu qu’on peut faire un bon bout de chemin.
DD En terminant, Jocelyn, quelle est la nouvelle culture que tu veux instaurer au sein de Hockey Québec ?
JT L’élément numéro un est de ramener le plaisir et les jeunes au cœur de nos décisions. Ça peut sembler vague et cliché, mais c’est très simple : je parle d’avoir moins de restrictions au niveau des joueurs et des règlements à travers les structures. Il faut avoir du plaisir à jouer au hockey. Les jeunes vont faire du ski, du tennis et du golf parce qu’ils ont du fun, mais il y en a beaucoup qui vont jouer au hockey pour jouer au hockey. Ça devrait être un sport qui nous fait ressentir autant de plaisir que la pratique du golf ou d’autres sports. Si on peut accomplir ça dans les prochaines années, nous aurons plus de joueurs et joueuses, ainsi qu’un plus grand nombre au sein des programmes des équipes nationales. Les deux vont ensemble ; ils ne sont pas en opposition.
SUR L’APPLICATION PLAY360
Visionnez l’entretien entre Dany Dubé et le nouveau directeur général de Hockey Québec, Jocelyn Thibault, dans son intégralité.