Blogue Marc Denis | La Ligue américaine n’est pas une punition

L’acquisition du gardien de but Jake Allen, en septembre dernier, cadrait parfaitement avec le désir avoué du Canadien de se doter d’un auxiliaire de qualité. La prolongation de contrat de deux ans qui lui a été octroyée, six semaines plus tard, en a toutefois surpris plus d’un.
Marc Denis | RDS
Collaboration spéciale
Bien sûr, il y a plusieurs avantages qui ont été relevés avec justesse : une baisse salariale avec un plafond qui sera figé à 81,5 millions $ pour quelques saisons, une carte de plus dans le jeu du Tricolore avec la séance de sélection de l’expansion du Kraken de Seattle qui approche à grands pas et le fait qu’il est un gardien établi qui ne vient que de franchir le cap de la trentaine.
Les détracteurs de ce pacte ont cependant remis en question la place de l’espoir, Cayden Primeau, dans la hiérarchie de l’organisation montréalaise. Pour moi, la signature d’Allen ne relègue pas Primeau aux oubliettes. Au contraire, cette situation sera salutaire pour le jeune gardien et le club de hockey.
Tous les jeunes joueurs rêvent de jouer dans les plus hauts niveaux, comme le midget AAA, le junior majeur ou les rangs universitaires américains (NCAA), et la Ligue nationale. Personne ne grandit en ambitionnant un long contrat à Bridgeport ou d’installer sa famille à Utica. Il n’en demeure pas moins que la AHL est une école de vie hors-pair avant d’amorcer une carrière dans la grande ligue. Je l’ai moi-même vécu à Hershey, aussi appelée Chocolatetown, à la fin des années 1990.
Un nouveau mode de vie à apprivoiser
La plupart des bons jeunes espoirs ne connaissent pas beaucoup d’embûches dans leur cheminement vers le hockey professionnel. Il y a bien des blessures ici et là et de petits échecs à gauche et à droite, mais rarement de l’adversité et de l’adaptation comme dans la AHL pour ces jeunes athlètes qui ont souvent été dominants dans leur patelin et dans leur groupe d’âge.
Une nouvelle vie en appartement, un chèque de paie qui entre, des factures à payer et un gars de 30 ans qui joue sa place au nom de sa femme et de ses enfants qui se présente devant toi sur la patinoire sont au nombre des adaptations auxquelles un joueur doit faire face à ses débuts chez les pros. Sans oublier un calibre plus qu’intéressant et des déplacements en autobus pour jouer trois matchs dans trois villes différentes en deux jours et demi devant des estrades dégarnies et tout est mis en œuvre pour affronter la « vraie » vie et souhaiter accéder au niveau supérieur en y consentant tous les efforts imaginables. Je vous le dis, ça compte, au final !
Considérons qu’en gagnant la confiance des entraîneurs, souvent d’excellents coachs qui obtiendront, un jour, une promotion dans la Ligue nationale, on se voit confier des missions importantes qui sont moins dommageables si elles ne sont pas réussies du premier coup, une chose proscrite dans le circuit Bettman. Le résultat à la sortie du stage est souvent celui d’un athlète moins ébranlable, plus confiant et qui a soif de gravir les échelons.
Pour en revenir à Primeau
Si la AHL tient bel et bien une saison 2021, il aura la chance d’être le gardien numéro un qui tentera d’amener le Rocket de Laval en séries éliminatoires. Il vivra des hauts et des bas, un passage nécessaire. Tout cela en permettant au grand club de bien l’évaluer pour ne pas précipiter son entrée officielle - et sans billet de retour - dans la Ligue nationale. Si la AHL ne devait pas tenir de saison 2020-2021, il apprendra de deux vrais pros en attendant la reprise des activités pour le club-école. D’ailleurs, les exemples d’excellents gardiens qui ont obtenu de nombreux départs avec leur club-école avant de faire le grand saut ne manquent pas. Les plus récents gagnants du trophée Vézina et les gardiens de la grande majorité des formations championnes de la Coupe Stanley ont disputé au-delà d’une centaine de parties dans la AHL. Ce sera également le chemin approprié pour Cayden Primeau.
ILS SONT PASSÉS PAR LA LIGUE AMÉRICAINE AVANT DE FAIRE LE GRAND SAUT
Anaheim
John Gibson 76 matchs
Anthony Stolarz 152 matchs
Arizona
Antti Raanta 26 matchs
Darcy Kuemper 69 matchs
Boston
Tuukka Rask 128 matchs
Jaroslav Halak 96 matchs
Buffalo
Linus Ullmark 130 matchs
Carter Hutton 120 matchs
Calgary
Jacob Markstrom 196 matchs
David Rittich 47 matchs
Caroline
Petr Mrazek 121 matchs
James Reimer 44 matchs
Chicago
Malcolm Subban 138 matchs
Collin Delia 96 matchs
Colorado
Phillip Grubauer 117 matchs
Pavel Francouz 53 matchs
Columbus
Joonas Korpisalo 55 matchs
Elvis Merzlikins 2 matchs
Dallas
Ben Bishop 176 matchs
Anton Khudobin 221 matchs
Detroit
Thomas Greiss 157 matchs
Jonathan Bernier 138 matchs
Edmonton
Mike Smith 110 matchs
Mikko Koskinen 44 matchs
Floride
Chris Driedger 139 matchs
Los Angeles
Jonathan Quick 34 matchs
Cal Petersen 120 matchs
Minnesota
Cam Talbot 126 matchs
Alex Stalock 211 Matchs
Montréal
Carey Price 34 matchs
Jake Allen 184 matchs
Nashville
Juuse Saros 64 matchs
Pekka Rinne 171 matchs
New Jersey
Mackenzie Blackwood 92 matchs
Scott Wedgewood 204 matchs
Islanders Ny
Semyon Varlamov 33 matchs
Rangers Ny
Igor Shesterkin 25 matchs
Alexander Georgiev 48 matchs
Ottawa
Matt Murray 81 matchs
Marcus Hogberg 75 matchs
Philadelphie
Carter Hart 18 matchs
Brian Elliott 86 matchs
Pittsburgh
Tristan Jarry 147 matchs
Casey DeSmith 117 matchs
San Jose
Devan Dubnyk 140 matchs
Martin Jones 169 matchs
St. Louis
Jordan Binnington 174 matchs
Ville Husso 139 matchs
Tampa Bay
Andrei Vasilevskiy 37 matchs
Curtis Mcelhinney 218 matchs
Toronto
Frederik Andersen 51 matchs
Jack Campbell 215 matchs
Vancouver
Braden Holtby 141 matchs
Thatcher Demko 112 matchs
Vegas
Robin Lehner 117 matchs
Marc-André Fleury 80 matchs
Washington
Ilya Samsonov 42 matchs
Winnipeg
Connor Hellebuyck 88 matchs
Laurent Brossoit 146 matchs