Blogue Pierre Gervais | La date limite des transactions

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Lorsqu’on occupe les fonctions de gérant de l’équipement, il faut s’attendre à tout, sauf à une belle petite routine tranquille. Il y a plusieurs facteurs à considérer qui peuvent entrer en ligne de compte, notamment les transactions qui peuvent survenir à tout moment. En marge de la date limite des échanges, prévue pour le 3 mars dans la Ligue nationale, je vous invite à en apprendre un peu plus sur ce moment charnière d’une saison et sur ce qu’elle représente pour un préposé à l’équipement.

 

Pierre Gervais | Hockey Le Magazine

Collaboration spéciale

 

Lorsque survenait un échange, j’étais souvent le premier à rencontrer notre nouvelle acquisition. Je me présentais, je lui faisais visiter son nouvel environnement et je le présentais à son nouvel entourage. J’ai toujours trouvé que la première impression était très importante. Je voulais que le joueur réalise qu’il appartenait maintenant au Club de hockey Canadien.

C’est certain que ça créait un peu d’effervescence et nous en avions pour quelques heures à parler au gérant de l’équipement de l’autre formation concernée, aux joueurs impliqués pour avoir un numéro à apposer sur les chandails, à commander les choses dont ils allaient avoir de besoin et à parler avec les représentants des compagnies. Ça ne paraît pas dit comme ça, mais ça prend un bout de temps avant d’avoir passé à travers cette liste.

Bien évidemment, c’est beaucoup plus facile lorsque la transaction survient pendant un séjour à domicile. À l’extérieur, je vais vous dire que c’est assez rock n’roll, merci ! Il faut toujours se préparer en conséquence et le plus à l’avance possible. On apportait toujours de l’équipement supplémentaire, comme des gants, des pantalons, des gaines aux couleurs du Canadien qui vont par-dessus les pantalons des joueurs, etc. On avait toujours des kits en notre possession et on pouvait assembler des chandails à tout moment. Je traînais toujours deux chandails vierges de chaque grandeur avec des lettres, des bandes à noms et des numéros. On avait une machine à coudre sur la route et mon adjoint de l’époque, qui m’a aujourd’hui remplacé, Patrick Langlois, était très doué avec ça. Il pouvait assembler un chandail en l’espace de quelques heures à peine.

Je me rappelle d’une transaction survenue alors qu’on se trouvait dans le vieil aréna en Caroline. On avait acquis trois joueurs en provenance des Blackhawks et ils devaient effectuer leurs débuts avec nous dès le lendemain ! Ç’avait été quelque chose à gérer !

 

DANS LE SECRET DES DIEUX

J’étais souvent le premier à être mis au courant d’une transaction, parfois même avant qu’elle ne soit approuvée par la ligue et annoncée au grand public. Je n’haïssais pas cette longueur d’avance, car elle me permettait de mettre les choses en branle ! Les gens avec lesquels je faisais affaire étaient des gens de confiance. On nous disait de garder ça confidentiel et il n’est jamais rien arrivé de mal, d’ailleurs.

Dès que la transaction était dévoilée et que le joueur m’avait indiqué le numéro qu’il allait choisir, je le communiquais aux gens des coms et du marketing du club pour qu’ils puissent faire leurs devoirs, à leur tour. C’est une suite d’évènements qui s’enchaînent et qui te sortent un peu de ta routine pour un certain temps.

 

L’ASPECT HUMAIN ET SENTIMENTAL DES JOUEURS

Au-delà du travail à accomplir pour les gérants de l’équipement, la date limite des transactions représente toujours une journée chargée pour les joueurs, surtout d’un point de vue humain et sentimental.

Ils ne le disent peut-être pas ouvertement, mais c’est certain que ça les angoisse et il y en a pour qui il est plus facile de le constater par soi-même. Même pour les intouchables, on ne sait jamais ! On dit souvent que si Wayne Gretzky a été échangé, n’importe qui peut l’être. Les gars sont tous soulagés lorsque l’heure limite est arrivée. Ça leur permet de se concentrer sur le hockey pour le reste de la saison.

Si ce n’était que de moi, je ne tiendrais pas de matchs le soir d’une date limite des échanges, mais la ligue pense autrement. Si le joueur a des enfants, c’est encore pire pour sa conjointe et sa famille ! Les gens ont tendance à dire ‘Ouin, mais au prix qu’ils sont payés…’, mais tant qu’à moi, ça n’a rien à voir avec ça. On parle d’êtres humains, de sentiments et de quelque chose qui peut chambouler des familles.

Prenons Jeff Petry et sa petite famille, par exemple. Il était à Edmonton, il est venu à Montréal pendant quelques années et il a été envoyé à Pittsburgh, mais qui sait pendant combien de temps ? Il va peut-être avoir un autre déménagement à faire encore. C’est quelque chose.

 

LES ÉTAPES À SUIVRE PAR UN GÉRANT DE L’ÉQUIPEMENT À LA SUITE D’UN ÉCHANGE

-Parler avec le nouveau joueur pour savoir quel numéro il veut

-Parler au gérant de l’équipement de l’autre formation

-Commander les nouvelles choses dont il aura besoin

-Parler avec les représentants des compagnies d’équipement

-Préparer le chandail et l’équipement du nouveau joueur 

-Accueillir le nouveau joueur à son arrivée et le présenter à son nouvel entourage

 

QUELQUES TRANSACTIONS MARQUANTES AUX YEUX DE PIERRE GERVAIS

 

PATRICK ROY

6 décembre 1995 

Transaction envoyant Patrick Roy et Mike Keane à l’Avalanche en retour d’Andrei Kovalenko, Jocelyn Thibault et de Martin Rucinsky.

 

«C’est un naturel. Patrick était le gros joueur de notre équipe et en plus, j’entretenais une relation spéciale avec lui. Ça arrive tellement rapidement, des échanges.»

 

VINCENT DAMPHOUSSE

23 mars 1999

Transaction envoyant Vincent Damphousse aux Sharks en retour d’un choix de cinquième ronde en 1999, de première en 2000 et de deuxième en 2001.

 

«Il était demeuré seul dans l’avion pour retourner à Montréal. C’était quelque chose! Tout le monde se sentait mal pour lui. On avait sorti notre équipement et nos affaires et on avait laissé les siennes dans l’avion. Il était retourné à Montréal pour y cueillir ses effets personnels avant d’aller à San Jose.»

 

ALEX KOVALEV

2 mars 2004

Transaction envoyant Josef Balej et un choix de deuxième tour en 2004 aux Rangers en retour d’Alex Kovalev.

 

«C’était spécial, ça aussi. Après tout, Kovalev, c’est Kovalev. On mettait la main sur un joueur spécial.»

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