Blogue Pierre Gervais | Les séries éliminatoires

Personnellement, j’ai toujours adoré les séries éliminatoires. En saison régulière, vient un moment où ça s’étire et ça devient un peu plus long. Tout le monde a hâte d’en finir et d’enfin entamer la « vraie » saison. À l’amorce de celle-ci, voici ce qu’elle représente pour les gérants d’équipement et quelques-uns de mes plus précieux souvenirs.
Pierre Gervais | Hockey Le Magazine
Collaboration spéciale
Lors des semaines précédant le début des séries, les gars commencent déjà à se préparer en ce qui a trait à leurs patins et à leurs autres pièces d’équipement pour s’assurer qu’ils seront prêts.
Ce qu’il faut d’abord savoir, c’est que pour les gérants d’équipement, les séries sont pratiquement identiques à la saison régulière du point de vue de la routine, à l’exception que tout le monde élève son jeu d’un cran et que ça devient beaucoup plus sérieux dans l’entourage des équipes.
Il y a toutefois quelques petites différences, comme le voyagement qui est moins fréquent. Lorsqu’on atterrit à une destination, on sait que l’on sera là pour deux matchs et environ trois jours, ce qui fait une bonne différence.
Aussi, plus les séries avancent, plus la Ligue nationale prend le contrôle de certaines choses, surtout d’un point de vue médiatique.
Pour le reste, c’est sensiblement pareil. La date limite des transactions est terminée depuis un bon moment, alors ça allège notre tâche dans certaines sphères.
On faisait toujours faire un ensemble de chandails neufs pour les éliminatoires. Les deux équipes qui atteignent la finale utilisent ensuite un autre ensemble de chandails sur lesquels on doit broder un écusson fourni par la ligue.
UN GRAND PRIVILÉGIÉ
Je n’ai jamais eu peur de dire que je suis extrêmement privilégié d’avoir vécu autant de championnats au cours de ma carrière. J’ai vécu des choses absolument extraordinaires comme des coupes Stanley et des conquêtes de la médaille d’or aux Jeux olympiques.
La première fois que j’ai goûté aux séries, c’était avec les Draveurs de Trois-Rivières dans le junior majeur. On avait alors remporté la coupe du Président à ma première année au sein de l’organisation. Ensuite, je l’ai vécu à Sherbrooke, où on avait atteint le tournoi de la coupe Memorial. Par la suite, avec le Canadien de Sherbrooke, on avait remporté la coupe Calder, en 1985. Pour Sherbrooke, c’était vraiment quelque chose de spécial.
L’année suivante, on m’avait demandé d’aller à Montréal pour les séries et ça m’avait permis de vivre la 23e conquête du CH. J’ai pris part aux célébrations et à la parade dans les rues de la ville et c’était absolument extraordinaire. On a aussi participé aux finales de 1989 et de 2021, en plus de remporter le trophée en 1993.
Il y avait des similitudes entre 1986 et 1993. Ces deux années-là, le Canadien n’était pas supposé être sacré champion, mais lorsqu’une gang de bons gars décide de s’unir et de pousser dans la même direction, ça peut faire des dommages. On en a eu la preuve !
LE REPOS, LA MEILLEURE ARME DU CANADIEN EN 1993
La conquête de la coupe Stanley de 1992-1993 représente l’un des moments forts de ma carrière, non seulement parce qu’on ne devait pas la remporter cette année-là, mais aussi en raison de nos 11 victoires de suite acquises en prolongation.
Encore aujourd’hui, je me plais à dire que c’est grâce à Jacques Demers. Les joueurs ne pratiquaient presque plus à ce moment de la saison. Il voulait qu’ils soient frais et dispos. On entamait les prolongations et ça paraissait qu’on avait un avantage sur nos adversaires au niveau de l’énergie. Malgré tout, les clubs adverses continuaient de pratiquer le matin des matchs et personne n’avait appris de ça. Je n’en revenais pas ! Pourtant, il y a bien quelqu’un qui devait remarquer qu’on n’avait plus d’entraînements matinaux et que ça nous aidait autant à entamer les matchs en force qu’à les conclure avec un bon niveau d’énergie.
Photo Getty
UN PARCOURS ÉLIMINATOIRE BON POUR LE MORAL DES QUÉBÉCOIS
Il manquait quelques victoires pour parvenir à remporter la coupe Stanley, mais lorsque j’y repense, c’était magique tout ce qu’on a vécu au printemps 2021 !
Malgré la pandémie, les gens avaient embarqué dans l’engouement et il y avait toutes sortes de petits rassemblements à l’extérieur. Je me faisais raconter des histoires et j’en avais des frissons ! Lorsque le club marquait, ça criait partout dans les maisons ou à l’extérieur. Ç’a fait du bien au peuple.
Honnêtement, bien que j’aurais aimé remporter une dernière bague, ça ne m’a pas laissé un goût amer plus qu’il ne le faut. J’entamais la finale en ne me berçant pas trop d’illusions puisqu’on affrontait le Lightning. C’est surtout pour mes adjoints et mon staff qui n’avaient jamais connu la victoire que j’aurais aimé qu’on gagne. J’ai vécu de beaux moments et j’ai adoré mes trois ou quatre mois avec Martin St-Louis. C’était une méchante bonne gang de gars !
EN ACCORD AVEC SIDNEY CROSBY
En terminant, en ce qui concerne le format des séries actuel, je tenais à souligner que je suis entièrement en accord avec Sidney Crosby lorsqu’il a affirmé, il y a quelques semaines, qu’il serait en accord pour revenir à l’ancienne méthode.
Je crois que si une équipe terminait première au classement, elle mériterait d’avoir le chemin un peu plus facile lors des premières rondes en affrontant des formations plus « faibles » que la sienne. Il n’y aurait pas de garanti pour personne, c’est certain, mais ça changerait un peu plus le portrait des séries à chaque année, à mon avis. Maintenant, pour savoir qui entrera en éliminatoires, ça prend pratiquement des calculs de mathématicien ! Avant, les huit premiers clubs de chacune des associations se qualifiaient et s’affrontaient dans un format simplifié. Présentement, ça donne des affrontements intéressants à regarder, mais il y aurait plus de chances de voir des puissances atteindre le carré d’as et la finale.