Blogue Pierre Houde | Talentueux et faits de téflon

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Ils ont le talent, bien sûr, puisqu’ils appartiennent déjà à l’élite de leur sport. Ils y arrivent à un âge de plus en plus précoce, car ils sont assurément mieux développés et encadrés que leurs aînés. Et ils maîtrisent tellement bien la vie publique, la vie de stars, la fameuse pression des fanatiques car ils semblent enduits d’une couche de... téflon! Les hockeyeurs dans la jeune vingtaine prennent d’assaut la Ligue nationale!

 

Pierre Houde | RDS

Collaboration spéciale

 

Vers la mi-novembre, questionné par mes collègues sous plusieurs angles sur son rôle de capitaine du Canadien et sur la pression qui accompagne la fonction, Nick Suzuki a répondu avec un calme désarmant ! Certes, avant d’accepter la proposition du Tricolore, il a bien consulté quelques vétérans qui étaient passés par là, il a bien cherché certaines références sur les choses à dire et à faire, mais finalement, ce qu’il faut surtout retenir, c’est qu’il a rapidement réalisé que ce rôle était parfait pour lui. À 23 ans à peine !

Non seulement a-t-il accepté en toute confiance, mais en plus, il s’y est senti à l’aise dès les premiers jours. Pourquoi ? Parce qu’il n’a jamais senti le besoin d’être quelqu’un de différent, il n’a jamais cru devoir jouer un rôle qui ne lui convenait pas, il n’a jamais eu l’impression de devoir agir ou de parler en contradiction avec ses propres valeurs.

« Je serais le même gars sans cette lettre [sur mon chandail] », disait-il à Richard Labbé, de La Presse. Et quant à la pression, il en a rapidement fait une source de motivation quotidienne.

« J’estime que tout le monde devrait avoir cette pression afin de pouvoir gagner et obtenir de bons résultats. »

Pour compléter ce portrait impressionnant ou pour l’endosser encore mieux, il faut regarder du côté des statistiques. Au moment de la rédaction de cette chronique, il était à égalité au quatrième rang des francs-tireurs de la Ligue nationale et à égalité au septième rang des pointeurs ! Traduction : la pression le nourrit, en effet !

 

PAS LE SEUL

L’histoire de Suzuki me semblait la mieux adaptée pour aborder le thème de ces athlètes de 23 ans et moins, car elle s’enrichit de la dimension importante du titre de capitaine. Mais un coup d’œil rapide au tableau des buts marqués chez le Canadien, au premier cinquième de la saison, montrait que plus de 60 % de ceux-ci provenaient de ces très jeunes joueurs qui semblent si à l’aise sur la patinoire, comme Cole Caufield, Kirby Dach, Juraj Slafkovsky, Arber Xhekaj et Kaiden Guhle. Plus encore, en regardant ailleurs que dans la simple colonne des points, l’observation est encore plus frappante, comme dans le cas de Guhle et de Jordan Harris, qui affichent un aplomb renversant comme défenseurs, ou encore dans celui de Xhekaj, qui se frotte sans complexe aux plus durs de la ligue. En regardant les formations qui sont en phase de relance et qui sont en pleine émergence, on peut dresser une longue liste de joueurs de 23 ans et moins qui sont au cœur de ces mouvements, comme les Jack Hughes, Nico Hischier, Brady Tkachuk, Shane Pinto et autres.

 

ILS ONT TOUT

De toutes les générations, tous sports confondus, il y a eu des athlètes exceptionnels dont le talent s’est manifesté en bas âge. La différence avec aujourd’hui ne se situe donc pas là ! Dans notre monde moderne, elle se situe surtout au niveau de facteurs déterminants qui mènent ces jeunes surdoués beaucoup plus rapidement aux portes de la grande élite sportive !

Il y a bien sûr tous les paramètres de développement qui, peu importe le niveau d’âge, sont tellement plus élaborés qu’à l’époque. L’enseignement des techniques de base d’un sport peut jouir, de nos jours, d’une variété d’outils qui facilitent la compréhension et l’exécution. Cette simple équation permet assurément l’émergence d’une élite de façon beaucoup plus prématurée.

Au talent brut et au développement s’ajoute l’encadrement ! Entraînement, nutrition, psychologie, médecine sportive, comportement en public et aisance devant les caméras, tout cela est maintenant mis hautement en valeur dans l’entourage du Canadien, comme dans toutes les organisations sportives sérieuses. À chacun de ces niveaux, il y a des femmes et des hommes de plus en plus compétents et innovateurs qui assurent le mieux-être général de l’athlète de pointe et qui l’aide à offrir un haut niveau de performance plus jeune, plus longtemps et avec plus de constance.

L’autre élément clé à ne pas négliger est le rôle des parents ! Hier à peine, les paramètres de développement de l’enfant tournaient souvent autour de la quantité à accomplir comme gage de succès et de fierté. La rigueur et la discipline imposées étaient de mise. Aujourd’hui, l’ère est à l’explication, au dialogue, au plaisir et à l’estime de soi, peu importe le niveau atteint. ‘Je t’aime ma fille, quoi que tu fasses, en autant que tu sois heureuse et que tu offres ton maximum.’ ‘Je suis fier de toi mon fils, même si la défaite te fait mal, même si tu n’as pas été sélectionné à l’échelon supérieur.’ Voilà des choses que l’on entend couramment au sein de nombreuses familles.

D’où cette notion de couche de téflon ! Le jeune athlète demeure un être humain avec toute sa complexité et ce sera toujours comme ça. Mais le jeune athlète atteint aussi les plus hautes sphères de son sport avec un bagage tellement plus solide qu’il peut généralement passer à travers tous les pièges qui se dressent devant lui. Même à 23 ans et moins !

 

LES JOUEURS DE 23 ANS ET MOINS CHEZ LE CANADIEN CETTE SAISON

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